701-711, côte de la Place-d’Armes
Édifice de la Life Association of Scotland

Conception : les architectes Hopkins & Wily
Travaux récents de rénovation : vers 2000

HISTOIRE
La première partie de ce qui deviendra l’édifice de la Life Association of Scotland est construite selon les plans de l’agence d’architectes montréalaise Hopkins & Wily en 1869-1870 par la compagnie d’assurance Life Association of Scotland. D’abord occupé en bonne partie par cette compagnie d’assurance et d’autres locataires répartis sur quatre étages et un étage de comble, l’édifice a connu plusieurs propriétaires : la Banque Nationale (en 1891), la Banque Canadienne Nationale (1924), la compagnie d’assurance La Prévoyance (en 1926). Vers 1909, l’édifice subira différents travaux d’agrandissements réalisés par les architectes Marchand & Huskell.

L’édifice dont le parement en pierre de grès chamois est d’une facture classique est classé monument historique en 1975. Devenu l’hôtel Place d’Armes en l’an 2000, il compte maintenant sept étages qui lui donnent des allures de petit gratte-ciel. Des bouquets de chardons et les armoiries de la société se retrouvent au-dessus de la porte d’entrée principale rappelant les origines écossaises de l’édifice.

Référence : www.vieux.montreal.qc.ca

ARCHITECTURE
Édifice de la Life Association of Scotland
701-711, côte de la Place-d’Armes

L’édifice occupe un emplacement prestigieux donnant à la fois sur la place d’Armes et sur la rue Saint-Jacques. Il compte sept étages (incluant le rez-de-chaussée) mais le coin arrondi et le quatrième niveau moins élevé que les autres, anciennement situé sous un étage de comble, trahissent discrètement le volume d’origine. Le parement uniforme, en grès chamois de l’Ohio, recouvre entièrement les façades de 1869-1870 et de 1909.



L’immeuble apparaît d’emblée comme un petit gratte-ciel un peu plus haut que large. Les divisions horizontales créées par les entablements successifs ainsi que la corniche débordante atténuent toutefois l’effet de verticalité. La réduction progressive de la hauteur des premiers niveaux et l’ordre colossal des deux étages supérieurs sont d’esprit classique tandis que le regain de hauteur à partir du cinquième niveau et l’asymétrie relative de l’ensemble sont dus aux contraintes du site et de l’agrandissement. À la fois classique et complexe, le vocabulaire architectural provient principalement de la Renaissance italienne, de Venise en particulier, comme en font foi les fenêtres cintrées inscrites entre des pilastres et des entablements. Toutefois, l’ancien étage-attique trapu et ses petites fenêtres segmentaires (4e niveau d’élévation) révèlent une influence française que confirmait à l’origine un toit brisé percé de lucarnes. Cette composition initiale, combinant Renaissance italienne et Second Empire français, correspond à une mode venue de Londres. Pour les étages ajoutés, les architectes adoptent de nouveau l’Italie de la Renaissance comme époque de référence principale, mais à partir d’autres modèles qu’en 1869. L’adjonction de 1909 reflète ainsi une formation académique comme en dispense notamment l’École des beaux-arts de Paris.



Vers 1870, à Montréal comme à Londres ou New York, une telle façade peut indiquer la présence d’une institution financière, mais des édifices commerciaux et des immeubles de bureaux locatifs présentent parfois un traitement similaire. Les deux entrées hiérarchisées – celle du coin arrondi ayant plus d’importance – suggèrent la présence combinée d’une institution financière au rez-de-chaussée et de bureaux loués aux étages, une vocation que facilite un généreux fenêtrage. L’immeuble entier, tel qu’agrandi en largeur et en hauteur, se prête de façon plus évidente encore à cette double lecture fonctionnelle.



Éléments décoratifs significatifs

Le décor architectural extérieur souligne explicitement l’ancienne présence de la Life Association of Scotland, et ce, malgré la disparition du nom et de la date de fondation autrefois inscrits sur la frise de couronnement. En effet, le dessus de la porte d’entrée principale, richement sculpté dans le grès chamois, représente les armoiries de la société flanquées de généreux bouquets de chardons, fleur emblématique de l’Écosse. Des chardons sont également sculptés sur les arcs en plein cintre des fenêtres de tout l’étage au-dessus du rez-de-chaussée. Pour le reste, les chapiteaux de la grande famille corinthienne et les autres éléments sculptés ne semblent porteurs d’aucune signification particulière, si ce n’est l’inscription dans une riche tradition classique trouvant son origine dans l’Antiquité.

Référence : Ville de Montréal, grand répertoire Inventaire, fiche bâtiment.