511, place d’Armes
Édifice New York Life

Concepteurs : les architectes Babb, Cook & Willard
Travaux récents : 1980

HISTOIRE
Avec son horloge en métal au sommet de la tour, l’édifice de la New York Life est considéré comme le premier gratte-ciel canadien. Il est commandé en 1887 par la compagnie d’assurance-vie New York Life qui en confie la conception à la firme d’architectes new-yorkaise Babb, Cook & Willard.

Très moderne pour l’époque (ascenseurs hydrauliques, réservoirs d’eau pour combattre les incendies, électricité), l’immeuble rappelle les palais italiens de la Renaissance. En 1889, les huit étages sont occupés par la Compagnie d’assurance-vie New York Life et par la London and Lancashire. Puis, en 1891, la Quebec Bank et des cabinets d’avocats et de notaires s’y installent. D’autres propriétaires se succèderont : la Quebec Bank en 1909, la Banque Royale en 1917 et le Montréal Trust jusqu’en 1963. Une importante rénovation a lieu dans les années 1980 au moment où de nombreuses firmes d’avocats occupent l’immeuble. D’autres rénovations vers 2006-2007 permettent finalement une complète rénovation de la balustrade. L’édifice est doté d’une riche architecture intérieure avec vestibule, consoles et pilastres en marbre et un portail sculpté en bas-relief par Henry Beaumont.

Référence : www.vieux.montreal.qc.ca

ARCHITECTURE
Édifice New York Life
511, place d’Armes

Premier « gratte-ciel » canadien selon certains, l’immeuble de bureaux New York Life est érigé sur un lot de coin avec deux façades sur rues. La façade principale donne sur la prestigieuse place d’Armes et une longue façade secondaire s’étend rue Saint-Jacques. Le bâtiment compte huit étages incluant le rez-de-chaussée, une hauteur impressionnante pour l’époque, atteinte grâce aux ascenseurs et à la structure hybride combinant une ossature de fer – poutres, poutrelles et deux séries de poteaux par étage – et des murs porteurs en brique. La haute tour atteint l’équivalent de dix étages. Structurellement séparée du reste du bâtiment par des murs porteurs, elle sert notamment à l’origine à contenir les réservoirs à eau en plus des ascenseurs dans sa partie arrière. Cette tour et le parement en grès rouge d’Écosse qui recouvre l’édifice le distinguent aisément dans le paysage urbain environnant.



La haute tour des réservoirs et des ascenseurs, traitée en façade comme une tour d’horloge monumentale, domine la composition. Cette nette expression verticale contraste cependant avec les corniches successives qui atténuent l’effet de hauteur en divisant l’édifice en quatre parties horizontales. Le traitement différencié des composantes ainsi superposées génère une impression de solidité massive plutôt que d’exprimer la structure verticale composée de piliers de maçonnerie et de poteaux de métal. Malgré plusieurs traits classiques, la liberté de composition crée un effet pittoresque auquel contribuent l’asymétrie de la façade et un certain éclectisme stylistique. Les trois travées de la place d’Armes et les dix travées de la rue Saint-Jacques forment un volume rectangulaire qui évoque les palais italiens de la Renaissance aux divisions horizontales très marquées. Les chaînes d’angle, les pilastres à bossages, les chapiteaux, les moulures des premiers niveaux d’élévation et la balustrade du couronnement rappellent aussi la Renaissance italienne jusque dans les fantaisies maniéristes. Toutefois, les trois derniers niveaux traités comme de hautes arcades s’éloignent des compositions de la Renaissance, tandis que la tourelle d’angle polygonale fait écho à l’architecture néoromane d’Henry H. Richardson. Dans l’ensemble cependant, c’est d’abord à la Renaissance italienne que l’édifice renvoie – une source d’inspiration alors en force à New York. En somme, il s’agit d’un édifice à la new-yorkaise, éclectique, mais principalement inspiré par la Renaissance.

Éléments décoratifs extérieurs significatifs
Les arabesques du portail sculpté en bas-relief par Henry Beaumont renvoient de façon explicite à la Renaissance. Les grilles et l’arc en fer ornemental de l’entrée se marient avec ces arabesques tout en arborant une facture de leur temps. Les mascarons de satyres et les masques feuillus du troisième niveau d’élévation évoquent aussi un certain esprit Renaissance bien que le green man mythique soit souvent présent dans les églises du Moyen-âge et à l’entrée des vieilles tavernes anglaises. L’horloge en métal du sommet de la tour porte quant à elle les représentations symboliques du soleil et de la lune. Enfin, un panneau sculpté rappelle à l’entrée la présence de la « Quebec Bank » tandis que le monogramme NYL de la New York Life Insurance et la date de mise en chantier (1887) apparaissent sur les panneaux les plus en vue du couronnement.

Référence : Ville de Montréal, grand répertoire Inventaire, fiche bâtiment.