278-288, rue Saint-Jacques
Édifice de la Banque Molson

Concepteurs : les architectes George et John James Browne

HISTOIRE
Dès 1856, l’édifice de la Banque Molson a pignon sur la rue Saint-Jacques. Elle décide d’agrandir son immeuble en 1863-1864 en achetant le lot voisin. La construction du nouvel édifice se fait entre 1864 et 1866 et est confiée aux architectes George et John James Browne qui entreprennent des travaux de démolition sur une période de deux ans. L’institution financière installe d’abord ses comptoirs et ses bureaux au rez-de-chaussée et au sous-sol tandis que les étages supérieurs accueillent des bureaux de différents locataires. En 1883, la Banque Molson occupe tout l’édifice et agrandit son espace en 1900 et en 1911.

En 1925, la Banque de Montréal absorbe la Banque Molson et ses 125 succursales. Des travaux d’agrandissement sont effectués en 1923-1924. En 1981, la Banque de Montréal ferme sa succursale et entreprend des travaux pour aménager un centre de formation de la banque. En 1999, elle se départit de l’immeuble. Des rénovations sont effectuées à l’intérieur en 2000. Depuis 2009, des bureaux gouvernementaux et des bureaux d’avocats occupent l’édifice de la Banque Molson.

Référence : www.vieux.montreal.qc.ca

ARCHITECTURE
Édifice de la Banque Molson
278-288, rue Saint-Jacques

Construit sur 4 étages (incluant le rez-de-chaussée), le bâtiment est coiffé d’un toit brisé qui contraste avec la grande hauteur des bâtiments voisins construits plus tard. Malgré les adjonctions, on perçoit toujours le volume d’origine qui était détaché des immeubles voisins. Le parement en grès chamois de l’Ohio, une nouveauté à l’époque, se fond dans la variété des pierres utilisées ensuite dans le secteur.



La façade symétrique de l’immeuble est dominée par un avant-corps central et comprend trois niveaux d’élévation clairement différenciés. Dans cette composition d’esprit classique, le rez-de-chaussée à bossages et l’étage au-dessus, plus délicat, doivent leur vocabulaire architectural à la Renaissance italienne et plus particulièrement au nord de l’Italie, comme le rappellent par exemple les clés en forme de mascarons. L’avancée centrale et toute la partie supérieure – étage-attique et toit – sont quant à elles inspirées de l’architecture française du Second Empire, contemporaine de cette construction, avec de nombreux éléments tels les colonnes jumelées en granit rouge, les fenêtres segmentaires, les ailerons à volutes, la sculpture du couronnement, le toit brisé et la crête métallique. C’est de Londres que provient cette façon de combiner Renaissance italienne et influence française. La Banque Molson s’inscrit ainsi, avant même toute banque new-yorkaise, dans ce que l’on qualifiera plus tard de style Second Empire.

L’édifice apparaît dans les années 1860 comme une résidence bourgeoise ou comme un club privé, les institutions financières préférant désormais ce genre d’apparence aux colonnades à l’antique, et ce, tant à Montréal qu’à Londres. À cette époque, le dégagement des quatre élévations contribue à l’apparence résidentielle mais vise sans doute surtout à maximiser le fenêtrage des bureaux loués aux étages.

Éléments décoratifs extérieurs significatifs
L’inscription Molsons Bank sculptée en relief sur la frise du porche balaie toute ambiguïté quant à la fonction principale d’origine. Tout aussi explicitement, des sacs de pièces d’or ou d’argent ornent les impostes de piédroits des fenêtres du rez-de-chaussée surélevé. Les visages de deux hommes et d’un enfant sculptés au-dessus de la porte d’entrée rappellent par ailleurs le caractère familial de l’entreprise. Plus important est l’ensemble sculpté qui couronne l’avant-corps central. Il est formé des armoiries de la famille Molson flanquées d’un personnage masculin et d’un personnage féminin portant divers attributs, dont une ruche – un symbole du travail collectif cher aux francs-maçons. À l’étage-attique, des caducées d’Hermès ornant les clés d’arc et des écureuils juchés sur des branches de chêne symbolisent sans doute respectivement le commerce et l’épargne. Enfin George Browne, l’architecte principal, signe l’œuvre sur l’une des pierres du soubassement, un fait rare à Montréal.

Référence : Ville de Montréal, grand répertoire Inventaire, fiche bâtiment.