119, rue Saint-Jacques
Banque de Montréal

Concepteur : l’architecte John Wells

HISTOIRE
Installée sur la rue Saint-Jacques depuis 1819, la Banque de Montréal fait construire un nouvel édifice en 1845-1847. Elle achète alors de la fabrique de la paroisse Notre-Dame un terrain face à la place d’Armes pour son nouveau siège social. La construction de l’édifice est confiée à l’architecte John Wells qui en fera une œuvre originale inspirée du Commercial Bank of Scotland, à Édimbourg. Des travaux de rénovation importants sont réalisés en 1885-1886 par les architectes Taylor, Gordon & Bousfield à l’intérieur de l’édifice et pour construire des adjonctions des deux côtés et à l’arrière jusqu’à la ruelle des Fortifications. Suite à l’acquisition d’un site rue Saint-Antoine, au début du XXe siècle, la Banque confie à la firme d’architectes McKim, Mead and White la construction d’un deuxième corps de bâtiments relié au premier par une passerelle. En 1923, la statue Patria (La Victoire), œuvre du sculpteur James Earle Fraser, est dévoilée au centre du bâtiment en hommage aux 231 employés de la banque décédés pendant la Première Guerre mondiale. On élargit aussi la passerelle entre les deux corps de bâtiment. Jusqu’à ce jour, la Banque de Montréal occupe toujours l’édifice.

Référence : www.vieux.montreal.qc.ca

ARCHITECTURE
Banque de Montréal
119, rue Saint-Jacques

La Banque de Montréal est implantée rue Saint-Jacques face à la place d’Armes, un lieu de prestige. L’édifice comprend deux corps de bâtiment principaux, l’un en pierre calcaire grise de Montréal, l’autre en granit. Ils sont reliés par un corps de bâtiment intermédiaire d’un seul étage (une passerelle élargie vers 1920) surplombant la ruelle. À l’avant, une étroite marge de reculement sépare la rue du corps de bâtiment, l’espace laissé libre étant occupé par une colonnade. La partie avant est coiffée d’un dôme surbaissé et la partie arrière d’un toit à deux versants sur sa partie centrale.



Un portique corinthien à six colonnes surmontées d’un fronton domine la composition. Il évoque un temple de l’Antiquité romaine. L’élévation du corps de bâtiment comprend deux niveaux d’ouvertures réparties en sept travées. En avancée, les deux travées de chaque extrémité sont délimitées par des pilastres corniers. L’entrée principale occupe la travée du centre. Au-dessus de l’entablement, un étage-attique de grande hauteur et le dôme complètent cette composition imposante et parfaitement symétrique. L’ensemble exprime une monumentalité certaine, à laquelle contribuent tout particulièrement la colonnade et son fronton, que l’on voit de loin sur la rue Saint-Jacques, de même que le dôme visible de plus loin encore. Le dôme rappelle également la Rome antique. Les proportions de cette composition purement classique suivent de très près les règles codifiées par l’architecte de la Renaissance Andrea Palladio. Cette façade des années 1840 s’inscrit ainsi dans la phase finale du grand mouvement néoclassique occidental, avec un accent palladien très prisé dans l’Empire britannique. L’étage-attique et le dôme du début du XXe siècle de même que toute la partie arrière s’inscrivent, quant à eux, dans le renouveau classique proprement nord-américain, un courant plus tardif puisant à sa manière dans les méthodes et les ressources documentaires de l’École des beaux-arts de Paris. Charles McKim, qui a étudié à Paris, est un chef de file de ce mouvement.

Une telle image inspirée de l’Antiquité paraît appropriée pour une banque d’importance dans les années 1840; elle l’est de nouveau dans les années 1900. La Banque de Montréal joue même un rôle initiateur à cet égard, son style devenant au Canada un indice de fonction bancaire. En effet, la monumentalité de l’ensemble annonce d’emblée un important siège social. Le dôme laisse par ailleurs supposer un vaste vaisseau à l’intérieur et les fenêtres, la présence de bureaux. Quant à l’imposant portique qui précède la grande porte, il ajoute un caractère semi-public intimidant. À l’arrière, la partie inférieure de la façade, traitée comme un soubassement à bossages en table, exprime le caractère inexpugnable des voûtes, tandis que les hautes fenêtres laissent deviner de grands volumes intérieurs.

Éléments décoratifs significatifs

Le fronton historié créé par John Steel en 1867 contient en son centre les armoiries de la Banque, qui intègrent celles de la Ville de Montréal, flanquées de deux Amérindiens. L’inscription Bank of Montreal – en lieu et place de Corporation Montreal – identifie l’institution. Des deux côtés des Amérindiens en ronde bosse sont sculptés deux autres personnages et divers objets de facture très réaliste qui représentent des activités commerciales, maritimes, agricoles et industrielles. Sur le mur à l’arrière des colonnes, des plaques commémoratives de 1917 rappellent le centenaire de l’institution avec ses armoiries.

Référence : Ville de Montréal, grand répertoire Inventaire, fiche bâtiment.